L’Apocalypse est Naissance
J’avais un sentiment d’harmonie bien que les choses de ce monde semblaient être dissociées les unes aux autres. Les végétaux gigantesques se transformaient sans cesse ; le sable en roche, et l’eau en matière.
A des rythmes variés, le paysage se métamorphosait.
J’avançais sans crainte, ni du noir ni des changements soudains du décor. J’étais suspendue. Une chose en était une autre. Je n’avais pas besoin de parler, les éléments et moi nous n’étions qu’un. Un éternel mouvement chaud et froid. J’étais la fleur émiettée et le pigment qui fait jaillir la source.
Je n’avais pas oublié que j’étais venue en tant qu’ingénieure cyber galactique. J’étais là et j’allais trouver le chemin du retour sans le chercher. Les éléments m’accompagneraient.
Maria Medori
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Où est donc le chemin
Issu de droit divin ?
Que me veut cette voix
Qui me laisse en émoi ?
J’ai chaud, j’ai froid
Devant le jour qui ploie.
Je me sens habitée
Par des graines germées.
Comment pousse le bois ?
Et que deviens le brun,
Quand le jaune exagère
Et chante sa colère ?
Ce bleu venu d’hier
Irradie sa lumière,
La nuit qui s’est bâtie
Nous laisse sans ami.
Cent parcelles explosées
Finissent de pailleter
Un socle d’univers.
Le pantin s’évapore
Et notre œil dit encore !
Je déménage !
Qu’est ce qui m’a pris de m’embarquer dans cette nouvelle conquête ?
Penser à se réciter le poème et marcher pour avancer. Puisque je n’ai pas le choix, l’errance va devenir mon maître. Puisque le mouvement doit devenir une étrange mécanique, je vais devenir l’artisan d’une autre mobilité.
Comment vous dire ? Je suis en ballade entre plusieurs mondes et différentes réalités. Il y a le cyberespace et l’intergalactique mais aussi la couche fine du crayon entre le papier et les pigments collés. Il y a le rythme que mesurent mes pas et l’activité forcenée de mon cerveau pour habiter les rêves. Car souvent les couleurs s’en mêlent. De larges espaces s ‘ouvrent, se déchirent et se reconstituent. Ces étranges harmonies me font croire que je suis au milieu du vide mais aussi au centre de ce carré si petit où le jaune s’est installé. Pourtant je n’y suis pas, vu que je marche dans un paysage métamorphosé par le récit de chacune.
Je suis dans vos histoires : dans la comptine qui libère les rires et les pigments, dans l’avancée inter galactique qui engage notre avenir et dans la sensation qui m’entraine claudiquant au bout des chaos du chemin. C’est une danse, une nouvelle cadence à cinq temps ou à mille temps. Un univers de sons en somme absolue.
Je déambule et gigote tel un pantin désarticulé pour, ici, contourner un verbe, là, dépasser une sensation et encore plus loin travailler un écho. Ces montagnes d’écriture me portent vers une jubilation enthousiaste, vers un peut-être habité de couleurs, de sensations et de vents. C’est sur la crête, tout en haut que ça tangue parfois. Mais ça devient un chemin parce que les mots m’entrainent et que la marche me porte vers ailleurs. Ce qui me plait le plus c’est de rester mobile, sur le qui-vive dans vos histoires tout en vivant les miennes. J’y suis si bien, que je vais, sans doute, y rester et m’y installer !
Ervasel, le 23 juillet 2018
Florence Lesavre
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